« Apocalypse Now » ?

Actualité et discours eschatologique de Jésus



Introduction

« Apocalypse Now » : on se souvient que ce film remarquable, réalisé par Francis Ford Coppola en 1979 et maintes fois primé, nous plongeait dans la folie des hommes, dans l’enfer et les affres de la guerre du Vietnam. Ce titre s’applique-t-il à la situation actuelle du monde : sommes-nous en train de vivre une période « apocalyptique » au sens courant du terme ? D’aucuns le pensent au vu de l’ampleur des maux qui affectent actuellement le monde et l’histoire présente. La liste des malheurs est longue, en effet. Il y a tout d’abord la présence mystérieuse du « mal physique »[1] : les catastrophes dites « naturelles » (cyclones, tremblements de terre, tsunamis…) semblent se succéder à un rythme plus soutenu et prendre un tour plus meurtrier (L’Aquila, Haïti, Japon,…).

Il y a ensuite le « mal moral », généré par la haine, l’égoïsme, l’injustice, la volonté de puissance des hommes et des peuples : chaque jour apporte son lot de guerres, de famines, de violences, d’attentats,… La mondialisation et les télécommunications aidant, ce terrorisme ambiant prend de plus en plus une envergure planétaire, au risque de se muer en un immense « clash des civilisations ». Sur cet arrière-fond, des chrétiens sont emprisonnés, persécutés, assassinés, au Moyen Orient notamment, à cause de leur foi au nom de Jésus. Par ailleurs, le printemps révolutionnaire actuel des pays arabes, parfois durement réprimé dans le sang, signale aussi la recherche d’un nouvel équilibre.

En Occident, les crises sont nombreuses aussi : écologique, sociale, morale, politique, et bien entendu, économique. Le système bancaire montre sa fragilité, tandis que la crise de l’euro fait vaciller l’Europe dans ses fondements. L’horizon est menaçant voire désespérant, pour les jeunes notamment, qui manifestent un peu partout leur « indignation »… Et comme si cela ne suffisait pas, l’Église elle-même, dont la mission est pourtant d’annoncer Celui qui est l’espérance des nations, se voit prise dans la tourmente des scandales et des abus sexuels, alors que s’installe un peu partout l’indifférence religieuse.

Ce rapide tableau est sombre, trop sombre peut-être. Mais face à l’avenir qui semble bel et bien « bouché », dans cette ambiance de « fin du monde » (il ne manque pas de prophètes pour le dire), que nous dit l’Évangile, apporte-t-il quelque éclairage ? Et puis, comment interpréter tous ces drames ? Sans verser dans un optimisme naïf et béat, y aurait-il des raisons d’espérer ? S’il semble déjà annoncer ces tribulations aux allures « apocalyptiques », le « discours eschatologique » de Jésus, rapporté par les Synoptiques (Mc 13 ; Mt 24-25 ; Lc 21), nous convoque en fin de compte à l’espérance. Analysons-le plus en détail ; nous partirons de la version marcienne, plus primitive, sans toutefois manquer de recourir aux versions parallèles.

 

Présentation générale et structuration du discours eschatologique (Mc 13)

Étendu sur l’ensemble du chapitre 13 de Mc, le discours eschatologique est situé vers la fin du ministère de Jésus : il s’insère entre le récit de son entrée triomphale à Jérusalem (Mc 11,1s.) et celui de sa Passion (Mc 14,1s.). L’occasion du discours eschatologique est à chercher dans les pre­miers versets de Mc 13. À peine Jésus vient-il d’annoncer la ruine du Temple (« il ne restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit » : v. 2) que quatre de ses disciples (Pierre, Jacques, Jean et André) lui posent, « à l’écart », une double question : « Dis-nous quand cela arrivera et quel sera le signe que tout cela doit finir »[2] ?

En rigueur de termes, la question des disciples porte donc, d’une part, sur la date (quand ?) de la ruine du Temple et, d’autre part, sur les signes de la fin. Remarquons à ce propos qu’il s’agit d’un lieu commun pour l’époque : la littérature apocalyptique juive regorge en effet de questions analogues[3]. Toutefois, il est caracté­ristique que, tout au long du discours, Jésus se garde bien de donner quelque date de la fin. À cet égard, il souligne sans ambages les préro­gatives divines : « Ce jour ou cette heure, nul ne les connaît, ni les anges du ciel, ni le Fils, personne sinon le Père »[4]. La date de la fin est donc imprévisible. Aussi importe-t-il de ne pas se laisser aller. Le discours s’achève donc sur une exhortation répétée à la vigilance (« veillez ! »), « car, renchérit Jésus, vous ne savez pas quand ce sera le moment [kairos]» (13,33). Cet appel est finalement illustré par la petite parabole du portier qui a reçu l’ordre de veiller dans l’attente du retour de son Maître[5].

En conclusion de ces premières réflexions, retenons donc que Jésus élude en partie la question initiale des disciples : le discours eschatologique chez Mc (comme d’ailleurs chez Mt et Lc) n’offre en effet aucune datation, aucun calendrier en ce qui concerne les événe­ments de la fin, ce qui coupe court à tous les calculs, toutes les spécu­lations en la matière. Et sur ce point, l’enseignement du Nouveau Testament et de la littérature apostolique est constant[6]. Une mise en garde toujours valable pour nous aujourd’hui !

Mais quel est donc alors l’objet principal du discours? À y regarder de plus près, il apparaît que ce n’est pas tant la destruction du Temple, mais l’annonce de l’avènement glorieux du Fils de l’homme à la fin des temps, autrement dit sa Parousie[7], qui constitue véritablement le point culminant, le cœur même de l’ensemble du discours (Mc 13,26). Sur un plan structurel, tout le reste du dis­cours semble d’ailleurs s’organiser autour de ce passage central. La disposition de type concentrique que propose J. Lambrecht pour Mc 13 est particulièrement éclairante[8] :

Introduction (v. 1-4): annonce de la ruine du Temple et double question des disciples

Discours (v. 5-37): « Alors Jésus se mit à leur dire » (v. 5a) :

A.  La détresse préalable: annonce et avertissement (v. 5b-23a)

      a.  Les faux messies (v. 5b-6)

           b.  Les guerres, les tremblements de terre, les famines (v. 7-8)

               c.  Les persécutions dans les tribunaux (v. 9)

                    d. La prédication de l’Évangile à toutes les nations (v. 10)

               c.  Les persécutions et les divisions dans les familles (v. 11-13)

           b’. La guerre et les tribulations en Judée (v. 14-20)

      a’. Les faux messies et les faux prophètes (v. 21-23a)

«Vous voilà prévenus de tout» (v. 23b)

B.  La venue du Fils de l’homme (v. 24-27)

      a.  Les phénomènes cosmiques (v. 24-25)

           b.  La venue du Fils de l’homme (v. 26)

      a’. Le rassemblement des élus (v. 27)

A’. Le moment de la venue: annonce et avertissement (v. 28-37)

      a.  La parabole du figuier qui bourgeonne (v. 28-29)

           b.  Le logion au sujet du temps certain et proche (v. 30)

               c.  Le logion de confirmation (v. 31)

           b’. Le logion au sujet du jour inconnu (v. 32)

      a’. La parabole de l’homme en voyage : nécessité de veiller (v. 33-36)

« Et ce que je dis à vous, je le dis à tous: veillez ! » (37)

Dans la version marcienne, le discours eschatologique peut donc être découpé en trois parties inégales. Tandis que la section centrale (B) annonce la venue puissante et glorieuse du Fils de l’homme en des termes très « daniéliques » (cf. Dn 7,13) et selon un scénario qui rappelle visiblement les descriptions traditionnelles du « Jour de YHWH »[9], les parties A et A’ présentent toutes deux un caractère à la fois informatif (annonce) et parénétique (avertissement), eu égard à cette venue finale. Cette correspondance ne doit cependant pas masquer la profonde différence de ton : si, dans la section A, règne un climat de détresse et d’oppression, dans la section A’ par contre, l’heure est davantage à l’apaisement et à l’espérance. Le décor général ainsi planté, concentrons-nous à présent sur la grande détresse annoncée dans les v. 5 à 23.

 

Herméneutique théologique des malheurs préalables à la Parousie

D’emblée, précisons que ces malheurs peuvent être interprétés selon deux niveaux : à un niveau historique tout d’abord, à un niveau exemplaire ou transhistorique ensuite.

a)                       À un niveau historique : au moment où l’évangéliste Marc rédige – probablement peu avant la prise de Jérusalem et l’incendie du Temple en 70[10] – la situation en Palestine est en effet troublée. Déjà l’émotion avait été intense en Judée lorsque l’empereur avait révélé son projet de faire élever sa statue dans le Temple de Jérusalem, projet qui ne fut abandonné que lors de son décès en janvier 41. La mystérieuse allusion du v. 14 (« l’abomination de la désolation » ; cf. Dn 9,27) pourrait évoquer cette menace contre le sanctuaire, soit avant l’assassinat de Caligula, soit après, en tant que risque toujours présent. Quant aux « persécutions » (v. 9-13), on songe évidemment à celles perpétrées contre les chrétiens par l’empereur Néron (54-68), ainsi qu’aux martyres des apôtres. On peut voir aussi une allusion à la famine (v. 8) qui a sévi en Judée en 48, ainsi qu’à la première phase de la guerre juive vers 66 et la fuite des chrétiens dans la ville transjordanienne de Pella qui s’ensuivit (v. 14-20)… Quant aux « faux messies », on pense par exemple à Theudas dont l’activité pseudo-messianique est mentionnée dans les Actes (5,36).

b)                      À un niveau exemplaire ou transhistorique : les malheurs concernent en fait l’Histoire dans sa globalité. Y a-t-il en effet une époque qui n’ait connu des tremblements de terre ou des oppressions ? Dans cette perspective, le discours eschatologique de Jésus revêt une valeur permanente : Marc veut avertir les disciples de tous les temps ! Les malheurs de toutes sortes (faux messies, guerres, tremblements de terre, famines, persécutions,…) vont se succéder au long des siècles, mais cette grande détresse n’aura jamais le mot de la fin ! En effet, c’est bien la venue finale et glorieuse du Fils de l’homme qui constitue la fin, le télos (v. 7 & 13), l’horizon eschatologique ultime, vers lequel s’achemine irréversiblement l’histoire pour le moins chahutée du monde. La victoire du Ressuscité sur toutes les forces du mal et de mort est assurée, acquise une fois pour toutes, ce qui est source d’une invincible espérance. En ce sens, ces malheurs participent mystérieusement à une naissance : « ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement » (v. 8)[11]. Ce long et pénible enfantement est celui d’un monde nouveau, de la Vie, du Règne de Dieu dans notre histoire. Et comme toute naissance, cela ne va pas sans douleurs… C’est en ce sens que S. Luc peut ajouter : « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche » (Lc 21,28). 

 

Prodromes de la Parousie, ces « malheurs » ne mettent donc pas en échec – contrairement aux apparences – le grand projet de Dieu. Que du contraire ! Le discours eschatologique veut nous amener à la confiance, à la patience et à la persévérance, au cœur  même des calamités naturelles et des oppressions de toutes sortes. Car Dieu reste le maître des événements et du déroulement de l’Histoire : « Quand vous entendrez parlez de guerres … ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin »[12].

De prime abord, la formule apocalyptique « il faut que cela arrive » peut surprendre. En effet, l’évangéliste nous inviterait-il à une attitude résignée et fataliste face aux détresses qui nous secouent ? Ce serait oublier le sens théologique particulier que revêt parfois dans la Bible le verbe impersonnel « il faut » (en grec : « dei »). En effet, dei peut avoir la fonction d’intégrer un événement dans le grand projet divin, de le présenter comme une pièce voulue par Dieu et nécessaire à l’accomplissement de son plan salvifique. Ce faisant, un événement, qui à première vue peut paraître « scandaleux » (au sens biblique du terme), se voit en quelque sorte justifié, légitimé, car certifié conforme au dessein de Dieu[13].

À cet égard, l’emploi de dei en rapport à l’événement pascal est particulièrement significatif. Ainsi, aux disciples d’Emmaüs découragés et scandalisés par la mort en croix de celui dont ils espéraient « qu’il allait délivrer Israël », Jésus répond : « Ne fallait-il [edei] pas que le Christ souffrît tout cela pour entrer dans la gloire ? » (Lc 24,26). De même, dans la première annonce de la Passion, Jésus prévient : « Il faut [dei] que le Fils de l’homme souffre beaucoup…»[14]. On le voit: introduit par dei, l’événement « scandaleux » de la Croix (cf. 1Co 1,23) reçoit en quelque sorte sa légitimation : il répond mystérieusement à la volonté de Dieu (et non à un hasard ou à une fatalité !), il entre pleinement dans la réalisation de son dessein salvifique (c’était comme prévu!).

À la lumière de tout ceci, revenons à l’actualité : les malheurs préalables à la Venue finale du Royaume (guerres, tremblements de terre, persécutions, crises de toutes sortes…) peuvent, avec raison, jeter le trouble dans notre esprit (comme dans les premières communautés chrétiennes) et être une occasion de chute, de scandale : pourquoi en effet devoir encore endurer toutes ces détresses avant la Parousie ? Pourquoi le Seigneur Jésus permet-il cela et tarde-t-il à manifester la puissance de son Règne ? Introduites par dei, ces diverses étapes se trouvent en quelque sorte « justifiées »[15] : elles occupent une place dans l’accomplissement de l’Histoire du salut. Loin donc d’échapper au plan de Dieu ou de mettre sa souveraineté en échec, ces étapes préalables, pour effrayantes qu’elles puissent paraître, en font partie intégrante. Même tourmentée, l’Histoire reste conduite par Dieu, entre ses mains, ce qui est proprement rassurant !

 

Conclusion : annoncer aujourd’hui l’Évangile du salut

Pour terminer, relevons qu’au milieu de l’annonce de tous ces malheurs, il est un verset qui risque de passer inaperçu et qui pourtant révèle le sens même du temps préalable à la Parousie : « Il faut [dei] d’abord que l’Évangile soit proclamé à toutes les nations »[16]. Ce verset est central – comme il apparaît d’ailleurs clairement dans la structure concentrique exposée ci-dessus – car il révèle la signification du temps de l’Église : selon le plan divin, l’Histoire n’atteindra son but, le fin ne viendra que lorsque l’Évangile aura été porté dans le monde entier et à tous les hommes. Ne faut-il pas en effet que chaque homme, chaque génération puisse répondre librement à l’offre divine et gratuite du salut ? Aussi, loin d’être démobilisant, le discours eschatologique nous convoque-t-il instamment à une annonce inlassable de la Bonne nouvelle du salut. Cette proclamation universelle de l’Évangile, et surtout l’engagement contre le mal qui en découle, revêt une signification eschatologique : elle abrège la détresse du monde (Mc 13,20) ; mieux, elle conditionne, voire hâte[17], l’avènement glorieux du Seigneur, l’instauration définitive de son Royaume de vie, et conséquemment, la fin de tous les maux qui affectent encore notre Histoire.

 

P. Joël SPRONCK

Séminaire épiscopal

40, rue des Prémontrés

B – 4000 LIEGE


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            Notes

[1] A. Gesché parle à cet égard d’un « mal de malheur (malum calamitatis) » (Dieu pour penser. I. Le mal, Paris, Cerf, 1993, 77).

[2] Mc 13,4. Question similaire en Lc 21,7. Mt, en revanche, reformule la question en y ajoutant une allusion directe à la « Parousie » du Christ : « Dis-nous quand cela arrivera, et quel sera le signe de ton avènement [parousia] et de la fin du monde ? » (24,3). Ce faisant, Mt dévoile ainsi dès l’abord l’orientation fondamentalement eschatologique du discours.

[3] Cf. Dn 8,13; 12,6.8; 4Esd 4,33.35; 6,7; 8,63; 2Ba 21,19; 81,3; etc. La question de la date de la venue finale du Royaume trouve un écho particulier dans l’œuvre lucanienne : Lc 17,20 (« Les Pharisiens lui demandent: “Quand donc vient le Règne de Dieu?”») ; Ac 1,6 (« Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? »). Enfin, ce genre d’interrogation est récurrent chez les Pères apostoliques et dans la première littérature chrétienne apocryphe : cf. entre autres 2Clém 12,2 ; Barn 12,1 (« Quand viendra l’achèvement de ces choses ? »); ÉvThom 51; 113 (« Quand le Royaume viendra-t-il ? »); ApPierre 1,2; etc.

[4] Mc 13,32. Et Mt insiste : « […] personne sinon le Père, seul » (24,36). Pour le judaïsme apocalyptique aussi, Dieu seul connaît et fixe la date de la fin : Za 14,7; PsSal 17,21; 2Ba 21,8; 54,1; etc. Étrangement, le logion sur l’ignorance du kairos n’apparaît pas dans la version lucanienne du discours eschatologique. Ceci n’est pas étonnant, dans la mesure où Lc a préféré l’insérer au moment de l’Ascension (Ac 1,7).

[5] Cf. 13,34-36 (parallèles : Mt 24,42 ; Lc 12,35-38). Chez Mt, cette exhortation finale à la vigilance est particulièrement développée, notamment grâce à l’adjonction de quatre paraboles : le cambrioleur nocturne (24,43-44 ; par. : Lc 12,39-40), le serviteur fidèle (24,45-51 ; par. : Lc 12,42-46), les dix vierges (25,1-13) et les talents (25,14-30 ; par. : Lc 19,12-27 : les mines). L’ensemble se clôt finalement sur la grande fresque du jugement dernier (25,31-46). Chez Lc, le discours eschatologique s’achève aussi par une exhortation à la vigilance (et à la prière constante, comme en Lc 18,1) mais celle-ci est assez brève. Cela s’explique dans la mesure où Lc a déjà rassemblé en 12,35-48 une série de paraboles sur la nécessité de veiller dans l’attente du retour du Seigneur.

[6] Cf. 1Th 5,1-2; Did 16,1; 2Clém 12,1; etc.

[7] Parmi les Synoptiques, seul Mt utilise le terme grec parousia pour désigner l’avènement glorieux du Seigneur (Mt 24,3.27.37.39). Ce trait typiquement matthéen n’a cependant rien d’original : l’usage spécifique du terme est déjà clairement attesté dès les premiers écrits pauliniens (1Th 2,19; 3,13; 4,15; 5,23; 1Co 1,8 ; 15,23). Autres passages du N.T.: 2Th 2,1 ; 2,8.9 ; Jc 5,7.8 ; 2P 1,16 ; 3,4.12 ; 1Jn 2,28. J. Dupont observe qu’on « appliquait ainsi au retour du Seigneur le terme reçu pour désigner l’entrée solennelle d’un souverain hellénique dans une ville sur laquelle s’exerçait désormais son pouvoir [cf. p. ex. 2M 8,12] » (Les trois apocalypses synoptiques : Marc 13 ; Matthieu 24-25 ; Luc 21, LeDiv 121, Paris 1985, 49). Pour une étude plus fouillée du terme et de ses antécédents, cf. A. Oepke, « parousia, pareimi », ThWNT, V, 856-869. Voir aussi notre article « L’attente chrétienne de la Parousie », NRT 131 (2009) 546-556.

[8] Cf. « La structure de Mc 13 », in I. de la Potterie (ed.), De Jésus aux Évangiles. Tradition et rédaction dans les Évangiles synoptiques, BETL 25, Gembloux 1967, 156-157. Division similaire, du moins pour la section A, chez J. Dupont, Les trois apocalypses synoptiques, 13-14 ; O. Vena, « La expectativa escatológica en el Evangelio de Marcos : Análisis literario y structural de Marcos 13 », RevBíb 56 (1994) », 95-96.

[9] Cf. Is 13,10; Jl 2,2; 2,10; 3,4; 4,15; Am 5,18; 8,9; So 1,15; etc. (ébranlement des puissances cosmiques au « Jour de YHWH »).

[10] On comprendra aisément que nous ne puissions traiter en profondeur le problème de la datation de Mc dans le cadre de cet article.

[11] Dans le N.T., l’image des « douleurs de l’enfantement » apparaît d’ailleurs à plusieurs reprises, justement pour exprimer la tension eschatologique qui caractérise l’avènement du Royaume : outre Mt 24,8, cf. surtout Rm 8,22 (« La création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement ») et aussi Jn 16,21; 1Th 5,3; Ap 12,2.

[12] Mc 13,7 ; cf. Mt 24,6 ; Lc 21,9. Ici aussi, les termes utilisés sont d’origine daniélique (2,28.29.45).

[13] «Der Begriff dei' drückt die Notwendigkeit des eschatologischen Geschehens aus, ist also für das NT ein eschatologischer Terminus. […] Es ist das dei' des geheimnisvollen Gottes, der im eschatologischen Geschehen seine Pläne mit der Welt durchführt. Nicht blinder Schicksalsglaube, sondern Glaube an Gottes ewige Pläne formuliert dieses dei'. An diese Pläne – das zeigt das dei' – ist Gott in sich selbst gebunden. So wird es zum Ausdruck einer in Gottes Wesen selbst liegenden Notwendigkeit, die zur Durchsetzung seiner Pläne im eschatologischen Geschehen führt » (W. Grundmann, « dei' », ThWNT, II, 23-24 ; l’auteur souligne).

[14] Mc 8,31 par. Dans le même registre, cf. Lc 13,33; 17,25; 24,7; Ac 17,3; Jn 3,14; 12,34.

[15] On veillera toutefois à ne pas attribuer une fonction positive au mal et aux malheurs, à éviter un genre d’esthétisme hégélianisant.

[16] Mc 13,10 (par. Mt 24,14). Luc, quant à lui, avance une notion quelque peu énigmatique, celle des « temps des nations », qui désignerait un intervalle de durée indéterminée entre l’événement historique de la prise de Jérusalem (21,20-24) et les signes cosmiques de la Parousie (21,25-27) : « Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que soient accomplis les temps [kairoi] des nations » (21,24b). Pour l’interprétation – controversée – de cette notion, nous nous permettons de renvoyer à notre ouvrage : La patience de Dieu. Justifications théologiques du délai de la Parousie, Rome, Ed. Pontificia Università Gregoriana, 2008, 85-93. Par ailleurs, dans son récent Jésus de Nazareth. II. De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection (Paris, Ed. du Rocher, Parole et Silence, 2011), Benoît XVI revient sur cet élément du discours eschatologique (p. 58-62).

[17] 2P 3,12. Cf. aussi Ac 3,19-21 : la conversion des hommes semble « conditionner » la venue glorieuse du Christ et la guérison finale de l’univers.


 

 



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